Notre séjour en Alaska est un peu terni par l’arrivée de la pluie : il est à peine cinq heures du matin qu’il pleut déjà des cordes. Nous laissons nos tentes en l’état en attendant que cela s’arrête un peu plus tard et qu’il sera alors plus facile à démonter et remballer…..
C’est l’aube, c’est le moment idéal pour observer la vie sauvage. C’est donc le moment de retourner à Fish Creek pour espérer y voir des grizzlys !
Cette fois-ci, la saison est officiellement ouverte, et nous devons nous acquitter d’un droit d’entrée. Nous passons deux heures sous la pluie, en vain…. C’est un peu dur d’attendre avec un petit bout sous une pluie à verse. Je laisse les deux photographes patienter, tandis que je me réfugie avec notre chocobo sous un petit toit où se trouvent des explications sur les ours noirs et grizzlys.
Aucun ours à l’horizon ceci dit, et finalement, aidés par un enfant fatigué, le rideau de pluie continuel, nous décidons de reprendre la route, déçus et dépités…. Bien au chaud et à l’abri dans la voiture, à peine 5 minutes après avoir repris la route, je lance un : « Et là, on voit un ours sur la rout… ! » J’ai à peine fini ma phrase que là, au détour du virage, un ours ! Là, sur la route ! Sam pile, les photographes se ruent sur leur appareil photo avant que ce dernier ne disparaisse dans les broussailles, en contrebas, vers la rivière. Vite, demi-tour !! Retour à Fish Creek ! On prévient les rangers de notre rencontre, et on attend de nouveau, pariant sur le fait qu’il remonte la rivière.
Je laisse cependant le soin aux deux désespérés de scruter l’horizon. Je me mets à l’abri avec le bout’chou en me disant qu’on saura d’une manière ou d’une autre si l’ours pointe son nez. Bien m’en a pris ! Après 45 minutes d’attente, les rangers viennent me voir pour me dire qu’ils ont eu le signal de l’ours. Hop, on remet bien la capuche sur la tête et on se dirige pour l’observer.
Grâce aux rangers, nous apprenons quelques petites choses : il s’agit d’une femelle grizzly âgée d’une douzaine d’années. Ils lui ont donné le nom de Mera. Pour une grizzly, elle est plutôt petite et les rangers sont déçus de voir qu’elle ne soit pas accompagnée d’un petit cette année. Ils craignent que le nombre d’ours tués cette année soit bien plus important qu’avant. Sur vingt individus fréquentant la rivière habituellement, ils n’ont pu en revoir que cinq cette année…
Cependant, malgré ces nouvelles un peu déprimantes pour la vie sauvage, nous observons « notre » grizzly pendant une heure entière. Le temps exact qu’elle prend pour remonter la rivière le long de Fish Creek. Elle prend son temps, passant dans les fourrés, mangeant un peu par-ci, par-là, prenant son temps. Après tout, elle n’a pas conscience que nous sommes là. Comme nous l’avait déjà expliqué les rangers, le bruit de la rivière couvre notre propre bruit. Mera disparaît pour de bon dans les fourrés et à nous de reprendre la route.
Nous démontons les tentes toujours sous la pluie et prenons le petit déjeuner dans la cabane des machines à laver et douches. Il y a une table, nous sommes à l’abri. Sam et Stef prennent d’ailleurs leur douche chaude à ce moment-là pendant que je m’occupe de la vaisselle.
En tout cas, l’avantage de la pluie, c’est que nous ne regrettons pas de devoir faire de la route : nous sommes au chaud ! Nous repassons du côté Canada. Le séjour en Alaska fut bref et intense.
Ceci dit… A peine Stewart passé que Sam pile brusquement : là, dans les fourrés, un ours noir ! Nous ne ferons que l’apercevoir, mais à croire au final que la pluie nous porte chance pour rencontrer les ours. Le monsieur poilu ne reste guère longtemps, ayant aperçu notre voiture…
En engloutissant les kilomètres, nous rejoignons la région d’Hazelton qui possède énormément de totems. Le premier site, Gitanyov, se trouve dans un village en piteux état. Autour des déchets, un musée abandonné à côté de jeux rouillés et brinquebalants… Autant dire que ce n’est pas la joie, cela fait peine à voir… Des totems sont alignés tout le long de la route. Le malaise est présent et le tout fait un peu glauque.
Nous nous arrêtons à Cedarvale Kitwanga, attirés par la petite église de bois Saint Paul et son clocher (on peut y monter) avant d’apercevoir les totems non loin, bien alignés. Ce village est en meilleur état que le précédent, l’atmosphère est plus légère. On loupera le troisième site et nous allons jusqu’à Hazelton cette fois-ci. La ville est en deux parties : New Hazelton et Hazelton (tout simplement).
La vieille ville a conservé ses bâtiments en bon état et l’aspect des habitations du début du siècle. Cela fait un peu western trop propre, très vide ceci dit. Nous rencontrons d’autres touristes qui nous conseillent d’aller voir la rivière de Moricetown où l’on peut voir les saumons remonter la rivière.
Il ne pleut plus depuis un certain temps mais il commence à se faire tard : il est temps de chercher un camping. Notre premier arrêt sera infructueux : au milieu des grenouilles et à côté du lac, c’est day use only ! Nous continuons notre route et arrivons à Moricetown.
Intrigués par les propos des touristes, nous y faisons un arrêt : là, une énorme rivière avec une cascade rugissante d’une grande puissance et on voit un truc sauter ! Un saumon ! Un poisson ! Comment arrivent-ils à remonter toute cette puissance ? Ils sont costauds pour remonter ainsi le courant. Des pêcheurs viennent d’ailleurs les attraper avec une énorme épuisette avant de les assommer pour les mettre dans un bac au frais.
Le spectacle est saisissant ! Les pêcheurs viennent faire leurs réserves pour l’hiver jusqu’à l’année prochaine, et apparemment la saison s’annonce plutôt bonne. Stef va négocier un saumon entier : on sait ce qu’on mange ce soir !
Divertis par ce spectacle, la soirée avance. On ira donc au camping de la ville aux bons emplacements, mais aux équipements vraiment rustres. Entre les portes de toilettes qui ne ferment pas, celles qui sont bouchées et pour finir la douche par laquelle il faut passer par une autre douche…. On se demande comment ils ont pensé ça quand ils ont construit le point d’eau !
On prépare le saumon : il est bien plus rouge que le nôtre bien rose et gras, on s’en rend compte ! Il met un temps considérable à cuire et le goût n’est vraiment pas le même. Cru, il a un petit goût de mer et il est bien meilleur cuit au final. Nous prendrons une bonne douche ensuite pour enlever toute odeur poissonneuse sur nous, histoire de ne pas attirer les ours, même si au vu du bruit que font nos voisins, il y a peu de chance qu’ils pointent le bout du nez par ici ! Nous partons nous coucher après cette journée très bien remplie.