Pour bien préparer notre trek et surtout notre après-trek, nous nous sommes levés à 7H tapantes. Eh oui, d’autres soucis se sont emparés de notre esprit. Si ce n’est l’inquiétude de la marche en pleine jungle, il nous faut penser où trouver un changeur de monnaie (aucun distributeur Taman Negara) car nous sommes bientôt à court de billets. De plus, il nous faut songer à comment partir de Taman Negara, si c’est possible de le faire en rentrant du trek ou plutôt le lendemain matin…
Finalement, à 9H30, le gong est sonné ! Nous sommes au Rippi’s Hostel où nous terminons les derniers préparatifs. Rippi nous avait demandé d’apporter dans notre sac des vêtements de rechange, des claquettes et nos permis pour entrer dans le parc avec notre appareil photo, sans oublier le « raincoat » (il paraît qu’il pleut un tantinet souvent dans les forêts tropicales…). A cela s’ajoutent quelques petites choses amenées par nos guides : des tapis de sol, 3 bouteilles d’eau d’1,5L, de la nourriture et des sacs de couchage. Sam et moi, on se répartit nos charges de telle manière que ce soit lui le plus chargé, c’est l’homme et en plus, il a des genoux plus solides et de l’énergie à revendre !
Le trek commence de manière pragmatique : nous traversons la rivière et allons au bureau d’accueil pour nous enregistrer et montrer que nos permis-photos sont bien valides. C’est bien étrange : ils nous demandent combien de sacs plastiques nous emportons, le nombre de chaussettes ou encore le nombre de maillots de bain et de piles… Je n’ai pas bien compris l’intérêt pour le coup. Serait-ce pour prévoir le nombre de déchets à chercher dans le parc ? Ou bien pour nous recontrôler à la sortie histoire de vérifier que l’on n’a rien jeté ? La question restera un mystère… Mais la bonne nouvelle, c’est que l’hôtel à l’intérieur du parc change de la monnaie et c’est le seul à le faire par ailleurs. A un tarif exorbitant mais au moins nous ne sommes plus à sec !
Nous embarquons de nouveau. Notre pirogue nous emmène jusqu’à la Canopy Walkway. Non, ce n’est pas le début de notre trek, mais un bonus (payant). Il s’agit d’un chemin fait de ponts suspendus à hauteur de la canopée, c’est-à-dire le sommet des arbres de la jungle. Bien sympa à faire, pas très long et d’agréables sensations comme par exemple, l’impression de marcher en rebondissant (selon qui marche devant vous). Je rassure tout le monde : mis à part un effondrement total du pont, il est pratiquement impossible de tomber : les filets des deux côtés du chemin sont aussi grands que moi !
Après ce sympathique interlude, nous reprenons le bateau pour 1H30 de traversée, le temps de rejoindre notre véritable point de départ. Le soleil tape et nous partirons dans la jungle avec de beaux coups de soleil, et on profite du voyage pour manger notre repas du midi.
Enfin ! Ca y est ! On débarque. Personne aux environs… On se prépare pour pénétrer dans la jungle avec tout ce que nous avons entendu : moustiques, sangsues… On monte haut nos chaussettes et on rentre notre pantalon dedans avant de nous asperger copieusement de répulsifs. Antoinette a acheté spécialement un anti-sangsue et nous avons l’impression qu’elle va vider toute sa bombe sur ses chaussettes (et non les chaussures). Mal lui en prit car la peau de ses pieds, sous ses chaussettes brûlera toute la journée. Sur ces dernières petites choses, nous partons.
La jungle est luxuriante, pleine de bruit et de vie. Le soleil passe à peine à travers les feuillages, les racines s’entremêlent sous nos pieds. Les cris des gibbons et le pépiement d’oiseaux différents nous accompagnent.
Les sangsues nous font de l’œil… Je n’en avais jamais vu auparavant, et la seule image que j’en avais gardée était celle d’un épisode de la Petite Maison dans la Prairie. Je pensais qu’on en attrapait en nageant dans une rivière infestée, que c’était même assez gros, mais pas du tout ! C’est tout simplement répugnant ! Une minuscule tentacule brune se tend vers vous, presqu’invisible, essayant de s’accrocher à vos chaussures, à votre peau pour ensuite la mordre et se repaître de votre sang. Elle se dandine, on dirait presque une antenne satellite réagissant à la présence de sang chaud.
Nous traversons passages boueux, cours d’eau, racines d’arbres gigantesques, des troncs, des lianes et toute autre sorte d’obstacles, sans compter que nous escaladons, sautons, enjambons et tout autre verbe d’action pouvant s’ajouter à la limite (sans oublier le verbe glisser par ailleurs).
Marcher dans la jungle est une expérience.
Toute l’eau habitant dans notre corps décide soudainement de le déserter dès que l’on se trouve sous le couvert de cette végétation foisonnante. Nous sommes en permanence trempés, même lorsqu’on ne fait que se tenir debout. L’air est humide, un peu étouffant, mais notre sueur nous permet de garder une impression de fraîcheur.
Notre guide s’appelle Ami. Il fait ça depuis quelques années, et un trek de deux jours pour lui, c’est une balade de santé. Il commence à nous introduire la jungle en nous présentant l’antimoustique local : le jus d’une feuille que l’on extrait et dont on s’enduit le corps. Quelques mètres plus loin, il nous présente la plus grande fourmi du monde, en n’omettant pas de la citer comme nourriture potentielle.
Nous marcherons par moins de 6H ce jour-là. Et nous avons même de la chance : la rivière que nous devions traverser n’est qu’un ruisseau suite aux derniers jours de beaux temps. Nous avons échappé au pire, sachant que la semaine dernière, il ne cessait de pleuvoir et que la rivière atteignait le torse…
Pour autant, ce n’est pas parce qu’il fait beau qu’il ne pleut pas. Non, il pleut seulement moins. Vers 17H, nous apercevons les premières gouttes de pluie qui s’approchent peu à peu de nous. Nous utilisons le K-way pour protéger nos affaires sur le dos, car vu que nous sommes déjà entièrement trempés, ce n’est guère la peine de le mettre sur notre dos.
Nous arrivons à notre camp pour la nuit : d’immenses grottes qui servent généralement d’abris pour les éléphants durant la mousson. Ami prépare un feu et le repas tandis que nous explorons les environs, découvrant nombre de chauve-souris habitant les environs. On se débarbouille à la rivière un peu plus bas. Nous mangeons peu de temps après, tandis qu’Ami nous explique qu’il fait ce feu non pas forcément nous tenir chaud, ou cuire le repas, mais surtout éloigner les animaux sauvages, comme cités précédemment, les éléphants. C’est déjà arrivé que durant la nuit, malencontreusement, un éléphant qui était venu trouver refuge par ici écrase une personne dormant sur le sol…
De quoi nous laisser faire de beaux rêves cette nuit…..
Petit interlude geek
Il semblerait que les sangsues aient réveillé une pensée en moi, compréhensible seulement pour certains joueurs.
Voilà à qui les sangsues m’ont fait penser !