Le jour se lève et je suis anxieuse. Aujourd’hui, c’est le jour de la Grande Randonnée (oui oui avec des majuscules). Il faut dire que tout est dit pour ne pas me vendre la rando : + de 1000 mètres de dénivelé… Oui, grimper, ça me fait peur…. Surtout quand c’est un aller-retour. Moi j’adore faire des boucles dans les forêts plates et là… C’est une crête. J’ai nommé Abbott Ridge.
Vu mon amour pour les côtes infinies, j’ai toujours freiné des quatre fers quand on me parle de dénivelé. Mon maximum aura été le Grand Canyon avec plus de 800 mètres. Et là on parle de 200 mètres de plus. Je sens que je vais mourir.
Nous partons à pieds du camping vu que le point de départ se situe au bout de la route qui mène à ce dernier.
Et après avoir trouvé le panneau, nous attaquons. Franchement, je grince des dents face aux panneaux. Ce n’est pas la première fois que je remarque que le dénivelé n’est jamais indiqué… Là, on lit que la balade fait 5Km. Dit comme ça, on pourrait se dire « hop facile, les doigts dans le nez » mais connaissant nous le dénivelé… On sait bien qu’on ne va pas faire ces 5Km si facilement. Je trouve ça limite dangereux. Ils auraient pu au moins dire le temps mis en moyenne pour aller jusqu’au bout, mais non !
Bref, nous commençons. Nous attaquons la grimpette rudement à travers la forêt jusqu’au Marion Lake où l’on fait une pause après un premier point de vue sur les montagnes alentours.
Puis nous poursuivons à travers les rochers et le raccourci qui ajoute à la verticalité. Le soleil tape. On transpire (enfin moi, surtout ! Quand je vois les deux cabris qui m’accompagnent, je suis un peu verte. Je n’arrive franchement pas à comprendre comment Sam fait pour être toujours en avance alors qu’il a au moins 6 Kg de matériel photo, 9 Kg de porte bébé + le bout’chou pesant une dizaine de Kg et le porte bébé rempli en plus de vivres et d’eau…. ).
Nous débouchons enfin sur l’étage alpin. Je me dis, ça y est, c’est la fin ! Il est rempli de fleurs sauvages. Là, au loin, je vois un refuge ! Super, généralement les restes de colonies britanniques ont des toilettes partout, ça doit être ça et ça sonne la fin !
Mais non ! Le chemin se poursuit et continue de grimper pour passer de l’autre côté de la montagne. Tuez-moi, mais psychologiquement, ne plus voir le point de fin alors que ça grimpe autant, c’est dur ! J’ai juste des envies de meurtres, ma fatigue et ma sueur aidant. Je traîne au bord de la neige éternelle en voyant la montée qui m’attend. Verticale. Encore !
Après ces derniers efforts qui m’en coûtent, nous arrivons au sommet et là, je m’assois au pied du panneau indiquant la fin de la rando, laissant les deux photographes aller jusqu’au bout de la crête pour s’amuser à faire des photos.
Pour le moment, je suis trop fatiguée pour profiter pleinement du magnifique panorama sur Sir Donald, le plus haut sommet en face. Pour le moment, c’est ma mauvaise humeur qui me maintient éveillée et je dois récupérer le temps de la pause repas.
Ce n’est qu’après cette pause que je consens à utiliser mes yeux et commencer à respirer pleinement. Nous pouvons redescendre et nous passons par le chemin normal histoire de changer un peu.
Or, dans un secteur d’avalanche caillouteuse, la neige bloque le passage. Aïe. Nous décidons de contourner le passage de la neige en grimpant sur des cailloux parfois instables. On se fait assez peur pour le coup. La prochaine fois, plus de passage enneigé, c’est vraiment trop imprudent !
Au moins, pour nous consoler de cette frayeur, nous verrons une marmotte et nous redescendons au camping (après que Sam ait indiqué sur le sol un petit message déconseillant le passage normal pour les futurs randonneurs. Aura-t-il servi ? Ca, on ne le saura pas…)
La descente continue, bien plus courte que l’aller forcément. Le camping ressemble à un havre de paix et de repos. Petite toilette de chat (forcément pas de douche !) et lavage de cheveux à l’eau bien fraîche de montagne pour enlever toute cette sueur. Petit repas avant de sombrer dans le sommeil.